Le cheval d’orgueil… de Claude CHABROL

Claude Chabrol aimait bien la Bretagne. En 1980, le film Le cheval d’orgueil sort sur les écrans. Je l’ai vu récemment (en vidéo) emprunté à la bibliothèque de mon quartier (j’imagine qu’on le trouve aussi en VOD).

Le film s’inspire de l’œuvre du même nom de Pierre-Jakez Hélias. Ce livre, paru en 1975, retrace l’enfance de son auteur en terre bigouden (sud de Quimper) avant la 1ère guerre mondiale. Ses parents sont ouvriers agricoles, on découvre un monde breton dur et pauvre. Le livre est d’abord écrit en breton et traduit en français. Pierre-Jakez Hélias est bretonnant de naissance et a appris le français avant de devenir professeur agrégé de lettres classiques à Quimper. Il écrira de nombreux ouvrages, souvent dans les deux langues.

Le cheval d’orgueil est un grand succès de librairie (il sera même traduit en plusieurs langues).

Un autre auteur breton Xavier Grall répondra deux ans plus tard, en 1977, dans Le cheval couché, en accusant l’auteur du cheval d’orgueil d’enfermer, certes fort poétiquement, la culture et la langue bretonne dans un monde voué à disparaitre, à savoir le monde paysan, sans lui laisser le moindre espoir de regagner une place dans une société moderne post rurale. Les deux auteurs auront de vifs échanges lors d’Apostrophe, l’émission littéraire de Bernard Pivot.

Le cheval d'orgueil de Claude Chabrol

Le réalisateur Claude Chabrol s’inspire du livre pour son film. On découvre une Bretagne bretonnante (on entend parler breton dans le film) pauvre, baignant dans un monde de croyances et de superstitions avec toute une poésie et un art de vivre se dressant tel un « cheval d’orgueil », devant un autel de misère, de dénuement et de précarité. La vie, les rites et les obligations religieuses occupent beaucoup de place dans la vie de ces agriculteurs, la guerre est évoquée… Le film montre la vie de tous les jours, les fêtes de village, les jeux et bêtises des enfants, la vie dans les lits clos, l’autorisation du curé de retourner à l’église après un accouchement… les relevailles, les soldats qui partent au front et qui ne reviennent pas, les beuveries qui se terminent en brouette poussée par Madame, le rite de la coiffe…
Vous y ferez une belle brochette d’acteurs : Jacques Dufilho (le grand père), François Cluzet et Bernadette Le Saché.
Aujourd’hui en le regardant, j’ai plus eu l’impression de voir un documentaire sur les vie des Bretons au moment de la première guerre mondiale qu’un film à intrigues et à suspens…. comme Chabrol peut nous les faire.

En fait, ce qui est déstabilisant, c’est ce côté batard du film : on y trouve à la fois la prétention au récit d’une fiction
cinématographique
avec des acteurs professionnels, qui incarnent de façon très francisé, des indigènes bretons et ont du mal à être crédibles, et à la fois, la quête d’un documentaire ethnographique. Bref, le résultat est décevant, et pour la fiction, et pour le documentaire.

 

Ex Films tournés en Bretagne et lecture et livres se pasant en Bretagne

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5 réflexions au sujet de “Le cheval d’orgueil… de Claude CHABROL”

  1. Pauvre Chabrol, qu’était-il venu faire dans cette galère?? Il avouait lui même une série de navets.Paix à son âme et merci pour son attachement à la Bretagne.

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  2. Une association a but non lucratif (Dizale) a doublé ce film en breton en 2009, sous-titré en français. Le résultat est d’une qualité irréprochable, et Claude Chabrol a dit lui même durant une avant première du film en breton au cinéma qu’il aurait dû le tourner en breton, et que cette version est une nouvelle version originale du film. Si vous voulez le voir, voyez cette version. Elle est disponible en DVD (www.dizale.org) et il y a même des projections de cinéma en bretagne…

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  3. Merci bien pour cette info. Effectivement la version en breton s’impose vu que l’histoire du film a lieu au début du siècle… La Bretagne était encore – au moins dans ce coin là- bretonnante à l’époque…

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