Petite histoire des marées noires… en Bretagne

La Bretagne, ces centaines de kilomètres de côtes, ses marées bleues, ses marées vertes et ses marées noires…

A la fin de l’année dernière, le TK Bremen (pavillon maltais) s’échoue sur les côtes sud du Morbihan, à Erdeven. La tempête Joachim a frappé et le cargo a trépassé … Une nappe de pétrole d’un kilomètre de long sur cinq mètres de large s’est échappée… Heureusement (si on peut dire…) sa cargaison se résume à ses eaux de ballast, (qui permet d’équilibrer le bateau lors de l’absence de marchandises)… ses 180 tonnes de fuel et 40 tonnes de gazole (nécessaires au bateau). Une petite marée au regard des autres que la Bretagne a déjà vécues…

Car, ce n’est pas la première et ce ne sera surement pas la dernière…

Les côtes bretonnes ont connu de nombreux épisodes de dispersion d’or noir
dont certaines avec des quantités de pétrole conséquentes…

En 1967, le pétrolier Torrey Canyon s’échoue dans le sud de l’Angleterre. 120 000 tonnes de pétrole polluent les côtes anglaises et bretonnes. C’est la première grande marée noire de l’histoire… .

En 1978, l’Amoco Cadiz coule devant Portsall dans le Finistère Nord et arrose la côte de plus de 220 000 tonnes de brut.
En 1999, c’est la côte sud qui trinque… le pétrolier maltais Erika, chargé de 31 000 tonnes de fuel lourd se casse en deux au large de la pointe de Penmarc’h, dans le Finistère.

Le Torrey Canyon, immatriculé au Libéria, s’échoue un rocher et fuit. C’est la première marée noire et on ne sait même pas que ça peut arriver. On ne sait pas non plus faire… On utilise des dispersants, on enflamme ce qui reste de la cargaison, on envoie même d’abord des bombes, puis du gasoil et du napalm pour que tout le pétrole brûle… Mais le pétrole est coriace et se faufile jusqu’à la côte bretonne…

L’Amoco Cadiz, lui aussi immatriculé au Liberia, provoquera une marée noire considérée comme l’une des pires de l’histoire.

J’étais toute jeune à l’époque, en vacances chez mon ami François, à Trébeurden et je me souviens d’un oiseau mazouté… que quelqu’un avait essayé de nourrir avec un poisson et qui avait tout vomi….

Quand on lit la chronologie du naufrage du supertanker… entre l’attente des accords des assureurs, l’attente des remorqueurs qui ne sont pas assez puissants ou dont le matériel casse et l’état du pétrolier,… ca fait réver et on imagine sans peine la suite… à venir… La presque totalité de la cargaison se déversera … dans l’océan et sur le littoral.

Le pompage des hydrocarbures ne sera pas possible à cause de la tempête, le bateau se cassant en deux. Il faudra des dispersants pour diluer le pétrole dans la mer et limiter les dégâts sur la côte. 220 000 tonnes de pétrole brut* et 3 000 tonnes de fuel (pour le fonctionnement du bateau) se retrouveront sur 400 km de côtes bretonnes. La faune et la flore sont évidemment gravement touchées et cette marée noire permettra une prise de conscience, un procès et une amélioration de la logistique (modernisation des phares notamment qui n’avaient pas de radar) « en vue des prochaines catastrophes »…

La deuxième grosse catastrophe a lieu en 1999. L’Erika, pétrolier battant pavillon maltais, transporte 37 000 tonnes de fuel lourd**. Là encore, tempête et état du bateau font le reste. Le pétrolier se fend et les deux parties coulent au large à une dizaine de kilomètres l’un de l’autre. Une partie de la cargaison ira rejoindre les côtes et une autre sera pompée en pleine mer. Une fois encore, cette marée noire enclenchera procès et évolution de la législation.


J’étais allée avec des amis sur les côtes du Morbihan aider à nettoyer les plages. Je n’ai œuvré que quelques petites heures et ramassé des petites boulettes mais je me souviens surtout du mal de tête que j’ai eu très vite…

Espérons que le TK Bremen laissera moins de traces…

*Pétrole brut : Le pétrole est une huile minérale composée majoritairement d’hydrocarbures. C’est le pétrole qui est à l’origine des différents carburants comme le fuel, l’essence, le gazole, le kérosène ou le GPL.

** Fuel lourd : ou fiouls lourds combustibles par les moteurs des navires ou servant pour les centrales thermiques.

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6 réflexions au sujet de “Petite histoire des marées noires… en Bretagne”

  1. Pour l’Amoco, j’avais 15 ans, je m’en souviens très bien et cette odeur! c’est surtout à port Blanc que j’ai vu œuvré les militaires et les gens de la région, les moyens pour nettoyer au départ étaient dérisoires : simplement des pelles et des sauts, et on reversait le tout dans une fosse, sans aucune protection juste des gants de caoutchou .
    Encore merci pour la bougie, je vais bientôt la recevoir.
    @ bientôt

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  2. Quand j’étais petit, j’allais sur la plage en Bretagne avec mes grands parents, il y avait de drôles de boulettes noires à coté des galets.

    J’avais envie de jouer avec ces cailloux mats, mais ma grand mère me l’interdisait.

    Ma Madeleine.

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  3. Une pollution avec du "fioul brut" ou du "raffiné", quelle est la différence; en quoi les dispersants furent-ils peut être plus nocifs qu’utiles; bref, pourquoi ne pas laisser faire dame nature lors de la prochaine marée noire?

    LN:
    Le pétrole est une huile naturelle et minérale, le fioul est raffiné… Peut être effectivement que le premier est moins nocif… en fait je n’en sais rien… Peut être qu’un internaute averti aura une meilleure réponse !
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  4. je crois bien qu’aucune région de France ou du monde n’est à l’abri de catastrophes,plus ou moins naturelles .Volcans,tremblements de terre,affaissements miniers,inondations .Et pour les cotes et bien c’est la pollution maritime,evidemment plus due à l’etre humain mais inéviatble vu le nombre du trafic maritime .

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  5. Bravo pour cet intéressant site. Qui de plus et comme il se doit considère bien que la Bretagne ce sont les 5 départements.
    Marées noires :
    Il y a eu aussi le Boleyn. Mon frère en tant que militaire est allé aider à nettoyer l’île de Sein. Une vieille îlienne, émue et reconnaissante, lui a fait cadeau d’une de ses coiffes… (il était le chef du groupe).
    Cordialement

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