Même si je n’en parle plus autant, nous avons toujours un poulailler en ville et des gallinacées dans le jardin.
Notre petit troupeau se porte bien et je n’ai pas découvert grand-chose de nouveau dans le comportement de nos coq et poules. Mon coq, en vieillissant, s’est assagi, il n’est plus agressif comme il pouvait l’être par moment et il n’est plus aussi volatile qu’avant. L’été, souvent, il aimait se percher la nuit sur un des pommiers qui fait de l’ombre dans le poulailler. Les poules, plus brves, allaient se coucher dans leur abri. La vieillesse aidant, le coq n’est plus aussi frondeur et rejoint le poulailler tous les soirs. Il a arrêté ses escapades.
Sauf, l’autre soir, peu avant minuit. Il a poussé un cri que je n’avais jamais entendu, un vrai cri de terreur et s’est précipité au bout de l’enclos en s’encastrant dedans. Il a eu tellement peur qu’il était même coincé entre les poteaux de la clôture. Devant de tels appels de détresse, on est allé voir quel prédateur avait pu les terrifier à ce point-là. Car si le coq était à un bout de l’enclos, il n ‘y avait plus personne dans le poulailler et les poules s’étaient, elles aussi, enfuies en catastrophe à l’autre bout de l’enclos. Le coq, d’habitude si prompt à nous manifester son animosité, nous a accueilli avec un petit gloussement de reconnaissance, il était content qu’on le prenne dans nos bras et qu’on le ramène dans son poulailler. Comme quoi, il a la reconnaissance du ventre par moment ; Il a fallu faire de même pour les poules. Je confirme aussi qu’une poule ou un coq la nuit semble aveugle et qu’on peut en faire ce que l’on veut tellement il devient passif. Ca explique les véritables massacres qui arrivent dans les poulaillers, vu le degré d’inoffensivité de nos petites bêtes la nuit. On sait qu’un coq attaque pendant la journée sans problème les prédateurs et qu’il défendra les poules et, poussins s’il y a, et ce même s’il doit en mourir. Par contre, la nuit, c’est toute une autre histoire.
Une demi-heure plus tard, les gallinacées criaient à nouveau et étaient paniquées. Nous avons recommencé la même chose et les avons même enfermés, chose que l’on ne fait jamais d’habitude. La nuit s’est bien terminée. Il est clair que les prédacteurs nocturnes des poules et coqs ont une supériorité sans conteste sur le poulailler et que c’est la raison pour laquelle les poulaillers sont décimés la nuit. Nous ne saurons jamais quel prédateur leur a causé une telle terreur.