A Léhon, vous allez faire un saut dans le temps (en arrière le saut) et vous voilà devant un prieuré bénédictin avec l’abbaye Saint Magloire, le cloître, le réfectoire et le dortoir des moines.
La première abbaye Saint Magloire daterait de 850. Nominoë , premier roi de Bretagne, aurait offert la terre et l‘argent aux moines pour qu’ils s’y installent. L’emplacement du prieuré n’est pas le fruit du hasard. Il se situe le long de la rance, près d’un passage de gué, qui date de l’époque romaine.
Comme souvent à l’époque, c’est en bois qu’est construit le premier édifice – il n’en reste rien …
Le bâtiment est dédié à Saint Magloire, saint breton d’Outre Manche de la fin du VIè siècle. Il a été évêque de Dol, l’un des neuf évêchés bretons et s’est retiré à Sark (Ile anglo-normande) pour mener une vie monastique, après la révélation d’un Ange.
Les reliques du saint sont ramenées pour fonder l’abbaye qui, cette fois, est construite en pierre. L’abbaye est détruite pendant les invasions normandes (Xè) et les moines fuient à Paris. Ce n’est qu’au XIè siècle que les religieux reviennent.
L’église actuelle est constituée de bâtis de différentes époques.
Voyons un peu : des pierres du XIè siècle, « récupérées de Corseul à quelques dizaines de kilomètres » (Petite parenthèse : on récupérait beaucoup à l’époque parce que cela coûtait cher de construire en pierres !). Et pourquoi à Corseul ? (j’ouvre une autre parenthèse : Corseul était un centre administratif et religieux très important sous les Romains et abritait entre 5000 et 8000 habitants… (3e parenthèse et c’est la dernière, l’importance des vestiges du temple de Mars -édifice religieux gallo-romain- en attestent encore aujourd’hui). Il y avait des pierres à foison dans cette cité qui a servi de carrière à la région.
Les fondations datent du XIIè et XIIIè -la façade romane de la fin du XIIè siècle-
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L’abbaye est un rectangle et on y ajoute au XIVè et XVè la chapelle Beaumanoir. Chaque siècle y ajoute sa marque. Bref, comme toute construction ancienne, c’est un beau mélange de morceaux d’histoire.
A l’intérieur, une chapelle sépulcrale abrite les tombeaux des seigneurs de Dinan, les Beaumanoir.
Les chapelles pouvaient appartenir à des familles illustres et recevoir leurs sépultures. Ce sont les fameux gisants qui, par une statue, représente la personne défunte.
Les gisants de la chapelle datent du XIV et XVè siècle.
Le bénitier orné de têtes sculptées date du XIIIè et XIVè. Il servait pour les fonts baptismaux : le bassin était plein d’eau bénite et on y plongeait les bébés pour les baptêmes.
Accolé à l’église, un portail du XVè siècle
mène au cloître à piliers carrés du XVIIè siècle.
Ce déambulatoire servait de passage pour aller d’un bâtiment à un autre. La galerie de colonnes s’ouvre sur une cour jardin.
Au nord du cloître se trouve le réfectoire de Léhon, datant du XIIIè siècle.
Il est le seul réfectoire médiéval bien conservé en Bretagne avec celui du monastère de Beauport à Paimpol. C’est un bel exemple de gothique flamboyant représenté par ses grandes ouvertures à vitraux qui donnent sur la Rance. Le bâtiment a été remanié au XVIIè et restauré entre 1987 et 1991.
Les dortoirs datent aussi du XVIIè.
Mais la période faste touche à sa fin. Louis XV (XVIIIè siècle) demande aux moines de quitter l’abbaye. Peu après, pendant la Révolution Française, le monastère est vendu comme bien d’état. Des particuliers l’achètent en 1792 et y habitent pendant une trentaine d’années. L’abbaye deviendra tour à tour brasserie, manufacture de toiles, filature… et salle de classe pour jeunes filles.
L’édifice menaçait ruine au XIXè siècle et bientôt la mairie de Léhon souhaite restaurer le batiment pour en faire l’église du village. A la fin du XIXè, les travaux commencent. Le culte a été rétabli en 1897. Les bâtiments conventuels appartiennent aujourd’hui à la commune et sont inscrits comme Monument Historique.
Un musée permet de voir les chapiteaux du cloître du XIIè, une cellule de moine reconstituée et des expositions.
Comme pour la plupart des monastères, ce sont les Bénédictins qui géraient le prieuré. La vie monastique mêlait travail (agricole, manuel, copie de manuscrits…) et prière (étude et méditation des textes religieux). Le premier couvent bénédictin est établi par Benoît de Nursie en 529 en Italie. C’est par un livre de 73 chapitres que les règles de Saint Benoit vont être diffusées rapidement en Europe. L’ordre bénédictin est né et ensuite de nombreuses variantes et d’autres congrégations vont se succéder. En Bretagne, c’est Landevennec qui est le premier établissement bénédictin et qui essaime ensuite dans la région.
Chaque prieuré bénédictin est autonome. L’abbaye où les moines vivent en communauté – on en a ici une idée avec la taille du réféctoire ou des dortoirs -à l’étage-,
est dirigée par un abbé, élu à vie par les moines et assisté par un conseil de moines consulté pour les affaires importantes. L’abbé a une autorité absolue sur les moines, une grande liberté d’action au sein de son monastère mais doit respecter la règle.
Au XIIè siècle, le monastère de Léhon est prospère grâce à de nombreuses possessions dans les régions de Saint-Malo, Dol, Saint-Brieuc, Tréguier, Saint-Pol, Avranches et jusqu´en Angleterre.
Ces moines ont le crâne rasé et portent le scapulaire (grand pan d’étoffe passé par la tête et descendant jusqu’aux pieds, avec, parfois, pour les hommes, un capuchon).
Comme le site est ouvert toute l’année, on peut faire la balade à n’importe quelle saison… Des panneaux explicatifs jalonnent les bâtiments .
Par contre, pour visiter les dortoirs, le réfectoire et le musée, consultez les horaires
Lisez cet article en anglais : Wandering through the priory of Léhon in a small historic town of Brittany (France)
Sources : Dictionnaire guide du Patrimoine, Monum, Editions du patrimoine, Encyclopédie universalis, http://patrimoine.region-bretagne.fr/main.xsp
Ex :Etangs, lacs, canal-aux, iles et rivières en Bretagne
hello
comme tu as pu le voir, j’ai mis en lien ton blog … pour l’abbaye … mais je ne suis pas sure que tu es vu …LOL
extra les explications sur Léhon et en + possibles en anglais bravo ! j’envoie v/texte à mes amis d’outre atlantique. merci encore. on se rencontrera peut-être à Léhon.