L’écomusée de Rennes est un grand parc plein de vergers et d’animaux « locaux » (coucou de Rennes, mouton d’Ouessant…).. C’est aussi un lieu d’expositions. En ce moment, le thème retenu est l’évolution de l’agriculture en Bretagne depuis les années 60. Jusqu’au 26 août.
Si les terres bretonnes ont longtemps été pauvres et la vie des paysans bien difficile, les années 60 apportent la modernité dans les campagnes de l’Ouest … Le grand espoir …Titre fort bien trouvé car c’est effectivement un grand espoir, plein de révolutions, qui gagne la Bretagne … Des métamorphoses qui, en quelques années, vont bouleverser la vie dans les fermes, les -bientôt- exploitations agricoles …
Révolution dans la vie quotidienne … L’expo démarre par les propos d’une femme qui lave son linge… dehors au lavoir. Un homme explique combien il est difficile de lire à la bougie et comment l’électricité facilite ses soirées… et l’eau courante… pour se laver les mains quand on revient des champs… ou encore le réfrigérateur qui permet de conserver la nourriture…
Révolution technique (un agriculteur nourrit 7 personnes en 1960, 40 en 1980… les production agricole triple dans les années 70, le rendement laitier d’une vache est multiplié par presque 3 et la Bretagne, dès 1967, produit un tiers des poulets de France… et 41% des œufs aujourd’hui, les rendements céréaliers explosent ). On veut faire table rase du passé, des chevaux et des talus et on accentue le remembrement… les tracteurs feront le reste..
Révolution dans l’élevage : les premières trayeuses facilitent la vie des éleveurs et les veaux, élevés dans des box, au lait en poudre, s’émancipent à jamais des pis de leurs mamans …
Révolution industrielle (les engrais chimiques… explosent… et les professionnels de l’insémination artificielle… transforment les animaux en ouvriers de la procréation !).
Révolution environnementale (l’Association pour la protection des salmonidés (APPSB), dès 1969, informe sur la disparition des saumons dans les rivières… et plus tard la multiplication des algues vertes…).
Révolution culturelle … Radio et télé gagnent peu à peu les intérieurs. La voiture fait oublier les chevaux et les vacances deviennent possibles.
La Bretagne devient terre de modernité et des grands combats… On demande au Breton de nourrir l’humanité et il y arrive ! Avec ses avantages et ses inconvénients… Si le grand espoir correspond à un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître… C’est pourtant le portrait d’un monde qui n’est pas si loin de nous … et dont on a bien vite oublié la rudesse et le manque de confort qui est présenté ici. Une petite plongée dans cette époque révolue permet de relativiser bien des choses !!! de bénir le progrès … et de le repenser peut être aussi…
je lis beaucoup et j’aime bien les livres de terroir donc l’évolution de l’agriculture ,je connais bien et c’ets vrai que selon les régions ne se modernisaient pas en même temps et de la même façon .
La cuisine en formica c’est toute une époque, tellement solide que l’on trouve encore des tables des chaises en parfait état sur les brocantes.
Il est passionnant, ton billet, aujourd’hui, LN, d’autant que je viens justement d’avoir de longues conversations avec de nouvelles connaissances (une instit. mariée à un fermier) bretons qui ont connu toute cette (r)évolution du monde paysan depuis la guerre jusqu’à nos jours (ils ont plus de 80 ans !). C’est exactement, en résumé, ce qui tu as écrit, jusqu’à la conclusion même : le progrès oui, mais le repenser, ce serait d’une grande nécessité aujourd’hui… Je reviens de leur ferme désormais à échelle familiale où j’ai vu les agneaux dans les près, les vaches, les poulets (dont j’ai ramassés les oeufs tout frais pondus !), les légumes en pleine terre.. Oui, là, j’ai encore envie de manger… Mais, à quelques pas de là, c’est élevage de cochons, de volailles, intensif, tomates et fraises sous serre, ces équipements qui envahissent désormais le paysage, des marées de plexi partout…
On peut écouter aussi cette vision de la modernité… et ce qui est progressiste… le neuf n’est pas forcément meiux… Sartre disait… ce temps n’est peut être pas parfait mais c’est le notre … et Druon ajoutait je suis conservateur mais n’y -a-til pas des choses à conserver !