Visite du fort de la cité d’Aleth à Saint Servan (quartier de Saint Malo, Bretagne).

Pour accéder au fort de la cité d’Aleth, qui abrite aujourd’hui le Mémorial 39-45, il faut prendre le chemin de ronde de la péninsule. Vous arrivez devant des fortifications

Fort d'artillerie de Mazin

construites par Mazin au milieu du XVIIIè. Non, ce n’est pas du Vauban (1663-1707) comme à Saint Malo, même si ce dernier avait insisté pour fortifier l’embouchure de la Rance.

Il a fallu plusieurs incursions anglaises pour que les fortifications soient construites plus tard en 1759. En effet, le commandant anglais Marlborough, en 1758, est à Saint Servan et réfléchit à une stratégie pour prendre Saint Malo. Attaqué par les tirs de canons des Malouins qui ne lui laisse pas le temps de s’installer, il repart après avoir incendié tous les navires du port de Solidor. C’est suite à cette attaque que, un an plus tard, les travaux commencent et que Mazin construit un fort d’artillerie capable de défendre la Rance.

Fortifications de la cité d'Aleth

Ce fort a repris du galon –façon de parler– avec la 2e guerre mondiale.

Porche du fort d'Aleth de Saint Servan

La Bretagne a une position stratégique lors du conflit. Les Allemands la défendent par la construction du Mur de l’Atlantique (ce sont les fortifications côtières allemandes). C’est pour cela qu’on trouve de nombreux blockhaus sur la côte bretonne. Ils transforment aussi les ports de Saint Nazaire, Brest, Lorient et Saint Malo en forteresse.

Blockhaus du fort d'Aleth

Construit en 1759 et modernisé par l’organisation Todt -c’était un groupe de construction et d’ingénierie allemand qui a construit les fortifications, les bases sous marines, les camps…-, les fortifications allemandes de la cité d’Aleth réutilisent le fort type Vauban. Une trentaine de blockhaus

Blockhaus de Saint Servan

y a été ajoutée, blockhaus qui sont reliés pour certains par des galeries souterraines. Il y avait des fossés antichar et des cloches blindées pour abriter des canons antichars et antiaériens.

En haut des escaliers, sur la « plateforme », on y voit des restes de blockhaus, le Mémorial de la Guerre 1939-1945.

ouverture et horaires du Mémorial de Saint Servan

On visite l’intérieur d’un blockhaus restauré, une exposition sur la Seconde Guerre Mondiale dans la région et on peut visionner un documentaire.

Et à l’extérieur, la vue sur la Rance est superbe.

vue sur la Rance du fort de la cité

et sur Saint Malo.

vue sur Saint Malo du fort de la cité

Si la ville de Saint Malo a été détruite à plus de 70%; Saint Servan, en tant que QG de la zone a aussi connu les affres des bombardements. Les Allemands avaient élaboré une zone de fortification incluant Cézembre, l’île en face, la pointe de la Varde (au bout de Paramé), une station-radar au cap Fréhel et des lignes de défense dans les terres.

Blockhaus de la cité d'Aleth

Toute cette place dans la presqu’île d’Aleth était fortifiée : les Allemands avaient construit plusieurs blockhaus, des casemates, installé des mitrailleuses, des canons et creusé des galeries souterraines qui les reliaient. A sa tête, le commandant Von Aulock dirigeait la forteresse.

Quand les Alliés débarquent en juin 44, la donne change. Ils arrivent à Saint Malo début août et bloquent la zone mais ils sont peu nombreux -les Américains sont en Normandie, ils veulent prendre à revers les Allemands-. Que faire alors ? Bombarder la forteresse et les environs. Les Américains sont arrivés le 2 août et les Allemands ne se rendront que le 17. 15 jours de bombardements intenses :

Arme de la deuxième guerre mondiale

sur le fort du Grand Bé, sur Cézembre et sur Saint Servan et Saint Malo. Les Alliés entrent dans la cité corsaire le 14 alors que la ville brûle depuis le 10. Le commandant Von Aulock, positionné dans le fort de la cité d’Aleth résiste toujours, il ne capitule que le 17 août 1944.

Imaginez la bataille qui a fait rage pendant presque 15 jours dans la zone malouine. Les cloches,

sont en métal et font 30 cm d’épaisseur !!! A Saint Malo, les trois quart de la ville sont détruits. La ville sera reconstruite à l’identique quelques années plus tard et ce pendant 12 ans (1948-1960). Le tracé des rues sera repris, les immeubles reconstruits avec les matériaux restés sur place.

L’ile de Cézembre a résisté plus longtemps encore. D’après le site de l’inventaire général du patrimoine culturel, l´occupant allemand y a construit près de 80 blockhaus (batterie d´artillerie : casemates et encuvements, postes de direction de tir, batteries antiaériennes, abris etc.). Ce n’est que le 2 septembre qu’ils se rendent et c´est la zone du territoire français qui a été le plus bombardée. Les Américains y testeront notamment leurs nouvelles bombes incendiaires au napalm…

Cézembre, île interdite !!!

C’est pourquoi Cézembre, « zone rouge » est théoriquement interdite aux visiteurs. La zone n’a pas été entièrement déminée, il y reste encore des bombes !!!

Un témoin que j’ai connu raconte qu’ils allaient voir les échanges de tir comme si c’était un feu d’artifices !!!

Lisez cet article en anglais : Visit of the fort of Aleth at saint Servan (district of Saint Malo, France) and the Memorial 39-45

Partager :

4 réflexions au sujet de “Visite du fort de la cité d’Aleth à Saint Servan (quartier de Saint Malo, Bretagne).”

  1. Avant je n’allais qu’à Saint Malo. Depuis que j’ai découvert Saint Servan et ses petites balades, je préfere. Il y a moins de vent, moins de monde aussi et c’est tout aussi beau ! la rance et son barrage, Dinard en face, un vrai plaisir !

    Répondre
  2. Vacanciers dans le très agréable quartier de Saint-Servan, pour une semaine de vacances, avec notre fille de 12 ans, et notre bébé de 5 mois, nous avons voulu aller visiter le Fort de la Cité d’Alet,(Nous sommes des passionnés de blockaus, d’histoire). Bien équipés, bébé endormi, porte-bébé embarqué, nous sommes partis, enchantés par la perspective d’une visite instructive… qu’on nous a refusée, dès l’entrée, pour cause de bébé!!!!! "Ca" risquait de faire du bruit et de couvrir les paroles du guide, et en plus, comme il y avait 3 étages à monter, nous n’y serions pas arrivés (On leur a précisé qu’on venait, la veille, de faire l’Abbaye du Mont Saint-Michel, avec la poussette et le bébé dedans, quelques 800 marches à monter, descendre…)? Rien à faire, en cas de bruit, ils nous ont cavalièrement promis de "nous sortir"!!!! Quelle déception!!! Pas d’autre soucis dans les autres lieus visités…

    Répondre

Laisser un commentaire