Après La Baule la mondaine et Le Pouliguen, le sportif, voilà Batz le culturel… Et son lot de questions. On joue à VRAI ou Faux.
– Batz est une île où habite des femmes en délire ? (1)
– Le commerce du sel a fait la richesse de la région ? (2)
– On visitait Batz au XIXè siècle pour se dépayser en allant voir du folklore breton ? (3)– Notre Dame du Mûrier est à l’origine de la soie à Batz ? (4)
– On voit Belle Ile de Batz ? (5)
– La statue de Notre Dame du Précieux Sang a été volée et retrouvée en Finlande ? (6)
– Les 7 péchés capitaux sont représentés dans Saint Guénolé ? (7)– Un moulin à vent meule du blé noir les jours de tempête ? (8)
Batz sur Mer est situé sur la côte atlantique, au milieu de la presqu’île de Guérande. Et c’est une bonne étape pour vous poser avant de faire demi tour si vous êtes parti de la pointe du Pouliguen ou de celle du Croizic.
Petit retour historique sur Batz
1 – Il y a encore quelques siècles le bourg de Batz, comme on l’a appelé jusqu’au XIXè siècle, était une île. Et qui avait une bien mauvaise réputation. Ecoutez ce qu’en disait Strabon, cet illustre géographe grec du 1er siècle avant JC :
… L’île de Batz était originairement habitée par des femmes… espèces de prêtresses en délire, qui… venaient s’y livrer loin du regard des hommes à toutes les pratiques d’une religion cruelle et insensée. Ces femmes sont vouées au culte de Bacchus(*)… une fois chaque année elles détruisent le toit de leur temple, qu’il leur faut rétablir le même jour. Si l’une d’entre elles, chargée de matériaux destinés à ce travail, a la maladresse de les laisser choir…, ses compagnes la saisissent, déchirent son corps et en promènent les lambeaux autour du temple en poussant d’horribles cris de fureur.
(Guide Bretagne de Paul Jouanne de 1884).
* Dieu du vin chez les Romains
Sympa l’île…
Mais les sables bougent et Batz est devenu terre. Et a, sûrement, abandonné ses curieux mœurs…
2 – Des documents écrits au Xè siècle rappellent qu’Alain Barbe Torte, un des premiers ducs de Bretagne, donne le territoire de Batz à des religieux, pour qu’ils exploitent la presqu’île et notamment le sel. Et depuis près d’un millénaire, l’homme exploite cette ressource naturelle. Pourtant, au XIXè siècle, la manne salicole (du sel) est menacée.
Mais en 1806, Napoléon crée un nouvel impôt sur le sel. En fait, la nouveauté est que la taxe est perçue à la source de production et que les brigades de douaniers sont chargées de surveiller nuit et jour les accès au marais. Cette décision plonge les paludiers* dans la misère. En 1817, sous la Restauration, la troque [droit d’échanger du sel contre des céréales qui existait depuis 1420] est rétablie sans apporter de vraie amélioration au sort des paludiers. Alors que le Blocus Continental a définitivement ruiné le commerce international du sel, la concurrence des sels du Midi et de l’Est se fait de plus en plus sentir. Elle gagne les circuits commerciaux traditionnellement approvisionnés par les sauniers* dont le trafic était le seul moyen de subsistance. Cause de fraude et de délinquance, la troque est supprimée en 1862. […]
paludier et saunier * : ouvrier qui travaillent à la production de sel
Les travailleurs des marais salants attendent avec impatience, eux aussi, le chemin de fer (1879) en pensant pouvoir relancer l’économie salicole. Mais, c’est l’économie touristique qui va en naître et en bénéficier.
3 – Les baigneurs, qui viennent jusqu’à Batz sur Mer, ne profitent pas uniquement des bains de mer. Ils veulent voir du tourisme folklorique en rêvant (déjà) devant les paludiers costumés et leurs pardons (le pardon de Saint Guénolé a encore lieu début août)…
Le guide Joanne de 1884 confirme d’ailleurs cette vision ethnologique …
Les habitants disent ne pas appartenir à la même race que les populations d’origine bretonne environnantes, ils se croient d’origine saxonne ou scandinave. Cependant …l’aspect physique, ni le costume, ni la langue des paludiers n’indiquent une séparation nette entre eux et leurs voisins du plateau de Guérande. Dans les deux régions on trouve en même nombre des hommes de haute taille aux yeux bleus et à la chevelure blonde, les anciens costumes ont à peu prés disparu sauf la coiffe des femmes… Ce qui distinguait surtout les gens de Batz, c’était l’isolement dans lequel ils vivaient et le patriotisme local qui en était la conséquence. Naguère il n’y avait pas d’exemple qu’un seul de jeunes hommes se mariât avec une fille des alentours. La pureté de la race était complète tous les habitants du bourg sont cousins et les familles qui portant le même, nom si nombreuses qu’il faut les distinguer par des sobriquets.
Plus d’un siècle a passé et vocabulaire et vision du monde ont bien évolué…
Mais très vite la station perd son caractère folklorique – on ne porte plus le costume – et vit de sa réputation balnéaire. Et même si l’économie de Batz sur Mer a changé, le nombre d’habitants reste relativement stable (2689 habitants en 1884 pour 2734 en 1996).
La balade, le long de la côte atlantique, croise certains épisodes de la vie de cette commune.
Des croix, (si nombreuses ici que je ne sais pas laquelle choisir)
et des menhirs,
jalonnent le sentier des douaniers.
Plus contemporain, le Grand Blockhaus est un musée
situé dans un des plus grands blockhaus du Mur de l’Atlantique : 300m2 sur 5 niveaux… de reconstitutions à l’aide de mannequins.
4 – Un peu plus loin, vous avez le choix de continuer vers Le Croisic et le menhir de Pierre Longue ou bien vous quittez le chemin et entrez dans le village de Batz sur Mer pour découvrir les vestiges de Notre Dame du Mûrier.
Les avis divergent sur l’origine du mot « mûrier » .
Pour certains, il est lié à une légende d’un individu sauvé de la mer grâce à une lueur sur terre. Il promet de construire une chapelle.
Il existe en Bretagne de nombreux édifices dédiés à Notre Dame du Mûrier, se rapportant souvent à une légende similaire : un individu découvre une statue souvent dans un buisson de mûriers (de ronces) et promet d’y construire un lieu saint.
D’autres estiment que mûrier a une autre signification et y voit une déformation d’un mot latin qui signifie saumure et donc par extension marais salants.
Il faut croire que l’édifice est familier des ruines car au milieu du XVè siècle, la future Notre Dame est construite à l’emplacement des vestiges que les Batziens souhaitent reconstruire pour se protéger de la peste qui ravage la Bretagne.
Et comme les ressources manquent, le duc de Bretagne demande au pape d’accorder des indulgences (comprenez des sous, on achête ses bonnes actions) aux fidèles visitant la chapelle. Grâce à ses dons, cet édifice de style flamboyant est fini en 1496.
Mais en 1819, la toiture est arrachée et la chapelle connaît à nouveau les ruines.
Au milieu du siècle, conscient de sa valeur romantique (les Romantiques de l’époque adorent les ruines), Notre Dame du Mûrier est classée monument historique en 1862.
Depuis, elle a été restaurée et offre une belle carcasse de granit du XVè de très belle dimension (27 mètres sur 15 mètres).
Juste à côté, l’église de Saint Guénolé, Saint Irlandais qui créa Landevennec (monastère qui serait à l’origine de la diffusion du catholicisme en Bretagne).
5 – Cette église de granit, elle aussi de style gothique flamboyant, de la fin du XIVè se repère grâce à sa très haute tour carrée en pierres terminée par une lanterne.
A l’origine, la tour était en bois, mais a été détruite par deux fois (foudre et feu) au XVII è siècle. C’est grâce à un impôt spécial sur le vin et uniquement dans leur commune que les Batziens purent reconstruite un clocher en pierre haut de 70 mètres… auquel on accède par beau temps, pour admirer Belle Ile ou Noirmoutier.
La tour se visite mais quand j’y suis passée, elle était fermée « pour travaux».
Ce n’est pas sous la tour, par le porche flamboyant en partie abîmé -l’érosion et la Révolution!-, que vous rentrerez dans l’église mais par une porte latérale donnant sur la place.
A l’intérieur les charpentes sont en bois et rondes (voûte en carène : partie de la coque située sous la ligne de flotaison) comme souvent dans les églises de bord de mer (Serait ce du aux charpentiers marine du village ???? qui imitent ainsi les coques de bateaux !!!).
Certaines sont peintes.
6 – Vous y découvrirez la statue du précieux sang (le sang coule du cœur de l’enfant dans un calice), il y en une à l’entrée et deux dans l’église. Cette statue en bois du XVè siècle se trouvait dans Notre Dame du Mûrier jusqu’à ce qu’elle ne tombe en ruine. Après, elle a été vénérée dans l’église de Saint Guénolé jusqu’à son vol en 1979. On l’a retrouvée aux Pays Bas quelques années plus tard…
des vitraux, un orgue monumental…
7 – et un homme en proie aux 7 péchés capitaux…
Et là il faut se décider … une balade dans les marais salants ou bien un retour dans l’intérieur en vous laissant guider par votre flair au gré des villas jusqu’au Pouliguen.
En chemin, vous pouvez visiter le Moulin de la falaise qui date du XVIè mais qui a été rénové en 1992.
8 – Il produit de la farine de blé noir (pour nos galettes bretonnes) et se visite.
Le moulin est ouvert au public :
– quand les toiles sont déployées.
– en été tous les après-midi, du 15 juin au 15 septembre
(fermeture hebdomadaire le dimanche).– hors saison, le samedi après-midi et pendant les congés
scolaires, sauf Noël.
Je suis loin d’avoir tout dit sur Batz car chaque recoin vous proposera quelque chose à découvrir. Je vous l’avais bien annoncé : Batz c’est l’étape culturelle…
Je peux terminer par ma série people, (people du siècle dernier certes un peu oublié ces people là), Balzac, grand écrivain du XIXè a séjourné à Batz et même écrit quelques lignes sur le village dans Beatrix (roman de Scènes de la vie privée qui se situe à Guérande).
C’est vrai que la côte sauvage est magnifique et que les aménagements créés pour la découvrir à pied ou à vélo sont très sympas !
Batz, c’est vraiment sympa, c’est vrai… en hiver comme en été !
C’est vrai qu’un petit week end en amoureux sur cette côte me dit bien. J’aime bouger et visiblement si on peut louer un vélo (on vient en train de Paris), je sens que ca va me plaire. je garde l’idée pour le week end de la pentecôte… une petite excursion sportive…
J’espere Fred que votre petit week end s’est bien passé… Velo ou à pied, le coin est superbe et on peut en plus profiter d’une offre culturelle sympa… Non, vraiment c’est une destination révée pour un break, un petit week end de vacances.
Je passe depuis toujours mes vacances à la mer, mes grands parents avaient une villa à Batz sur mer, on profittait de la plage et de la mer l’été. Je ne me rappelle pas que la péninsule était alors aussi bien aménagée vrai qu’aujourd’hui, à Batz-sur-mer, Bretagne, on a des chemins de randonnées qui ravissent les acteurs du Tourisme sur la côte atlantique. Les vacances étaient familiales elles sont devenues plus touristiques à Batz sur Mer ! Mais c’est vrai que ce séjour sur le littoral atlantique est une pure merveille pour qui aime les embruns, le vent, la mer !
ok