Saviez-vous qu’on a un Lascaux en Bretagne. Enfin pas tout à fait mais presque. Des gravures qui datent presque de la même époque et qui représentent presque les mêmes animaux !
Si on avait déjà des preuves de la force de nos ancêtres avec les menhirs de Carnac, des talents de constructeurs avec les cairns de Barnenez ou Gavrinis, on n’avait pas encore de preuves (en Bretagne) que nos hommes préhistoriques locaux savaient dessiner. Et mieux encore qu’ils savaient graver avec délicatesse la pierre, bien avant que nos dresseurs de menhirs ne deviennent astronomes ou que nos édificateurs de dolmen ne se proclament architectes. Les chasseurs-cueilleurs, il y a 14 000 ans, ont gravé des animaux sur des plaques de schiste…
C’est une sacrée découverte dévoilée il y a quelques semaines, une découverte qui n’en était pas vraiment une pour les archéologues qui travaillaient sur le site depuis plusieurs années mais qui est, pour nous, pauvres sapiens, une sacrée révélation.
Tablette n° 741 trouvée sur le site du rocher de l’Impératrice, près de Plougastel-Daoulas (Finistère). Les chevaux présents sur les deux faces ont été gravés il y a 14 000 ans. PLOS ONE – PHOTOS N. NAUDINOT, DESSIN C. BOURDIER
Tablette gravée ornée sur chaque face d’une tête d’auroch, trouvée près de Plougastel-Daoulas (Finistère), datant de 14 000 ans. PLOS ONE – PHOTOS N. NAUDINOT, DESSIN C. BOURDIER
C’est grâce à un coup de vent que tout va commencer. Une tempête déracine un pin maritime en 1987 et les archéologues découvrent un lieu de fouilles. Il y a des silex taillés, des grattoirs, des lames, des pointes de flèches, des couteaux et divers autres outils préhistoriques dans ce petit coin de Plougastel-Daoulas (Finistère). Quelques fouilles plus tard, c’est « Buoc’h skedus », une tête d’auroch gravée sur une plaque de schiste que l’on trouve. Deux étés après, une autre découverte Kezeg bravl la tablette au cheval. Au total, ce sont plus d’une quarantaine de gravures qui ont été découvertes sur plusieurs années d’excavations.
On est à l’époque dans un monde de chasseurs cueilleurs, la mer est loin et la végétation n’a rien de commun avec la notre. Les hommes préhistoriques vivent dans la steppe. Ils dessinent ou plutôt gravent des animaux sur des petites plaques de pierre. C’est bien plus tard que leurs descendants devenus sédentaires construiront Barnenez (entre 5000 et 4000 avant Jésus Christ) ou Gavrinis (3500 avant Jésus Christ) ou dresseront les menhirs de Carnac (vers 4500-4000 ans avant JC). En attendant, les gravures de Lascaux (entre 18 et 17000) n’ont qu’à bien vieillir !